Le parfum, sculpture de l'invisible : Francis Kurkdjian au Palais de Tokyo
- benedictehallion
- il y a 2 jours
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Et si l’on pouvait traverser une exposition non pas avec les yeux, mais avec la peau, le souffle, la mémoire ? C’est le pari audacieux, presque insensé, que relève Francis Kurkdjian dans Parfum, sculpture de l'invisible, la grande rétrospective qui investit le Palais de Tokyo jusqu'au 23 novembre 2025.

Une invitation à se laisser guider non plus par les images, mais par l’air lui-même, comme si l’odeur devenait matière, volume, sculpture vivante. L’artiste-parfumeur, célébré pour avoir créé Le Male à seulement 26 ans, nous ouvre ici trente années d’exploration, de collaborations et de ruptures, durant lesquelles il a « sorti le parfum du flacon » pour en faire un véritable médium contemporain.
Un parcours comme une déambulation intérieure
Dès les premières salles, on comprend que cette exposition n’a rien d’un accrochage classique. On respire plus qu’on ne regarde. On avance plus qu’on ne contemple. Le fil rouge ? Le parfum dans toutes ses formes, visibles ou invisibles. Bougies, pétales en porcelaine, fontaines d’odeur, bulles parfumées, dispositifs de réalité virtuelle … Chaque pièce propose une nouvelle manière d'habiter l’espace par le souffle.
Imaginez : une allée de pétales de roses en porcelaine parfumée, conçue avec la Manufacture de Sèvres, qui murmure la délicatesse de l’Empire du Milieu, ou encore un miroir immense, brumeux, qui renvoie votre reflet dans une atmosphère olfactive enveloppante. Le parfum devient décor, souvenir, réminiscence.

Quand l’odorat converse avec l’art
Francis Kurkdjian n’a jamais travaillé seul. Depuis 1999, il mène ce qu’il appelle de véritables « conversations » avec d’autres artistes, des échanges qui font évoluer sa pratique loin des dogmes de la parfumerie commerciale.
Ici, ces dialogues prennent vie.
Le clou de la visite tient dans une installation polysensorielle entièrement dédiée à Baccarat Rouge 540,fragrance culte réinventée pour l’occasion en une édition millésimée au flacon sculptural en cristal rouge et or 24 carats.
Ici, tout est sensation : une bouchée imaginée par Anne-Sophie Pic, une œuvre cinétique d’Elias Crespin,une musique originale de David Chalmin...
Cette exposition parle à ce que nous avons d’intime : notre rapport à l’air, au temps, à la mémoire. Elle réhabilite le parfum, trop souvent réduit à un simple geste de beauté, comme un véritable art émotionnel.
c’est une exposition qu’on ne visite pas : on la traverse, on la respire, on la ressent.
Palais de Tokyo, 13 avenue du Président Wilson, Paris 16e
Jusqu'au 23 novembre 2025
Programmation et réservations ici.



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